Contexte de la recherche:
L’institutionnalisation progressive du secteur de l’économie sociale, l’intérêt du politique, et les incitants financiers qui vont de pair, ainsi que l’intégration du modèle social business en Europe a favorisé le développement d’initiatives entrepreneuriat social (DRAPERI, 2014). Considéré comme un mouvement mondial capable de répondre à des problèmes complexes (STECKER, 2014), entrepreneuriat social favorise l'émergence de pratiques partenariales entre des acteurs de l'économie sociale et des acteurs de l'économie capitaliste via notamment la venture philanthropy (SWATON, 2015 ; STECKER, 2014).
Ainsi, nous constatons aujourd’hui que Les pratiques partenariales (hybrides) se multiplient (NYSSENS & PETRELLA, 2015) et ce en vue de répondre tant à des motivations économiques qu'à des logiques d'innovation qui reposent sur la complémentarité des différents acteurs. Néanmoins, ce type de structure de coopération a pour de défi de devoir gérer l’hétérogénéité qui la caractérise et qui est porteuse de tensions potentielles. En outre, ce type de dispositif qui tend à brouiller les frontières entre les différents acteurs socio-économiques (DEFOURNY & NYSSENS, 2012) génère également un débat qui pointe la banalisation des organisations d’économie sociale (SWATON, 2015 ; CHANIAL & LAVILLE, 2002), la perte de l’identité propre de ces organisations (DRAPERI, 2014) ou encore le glissement de la mission sociale au profit du marché (DEFOURNY & NYSSENS, 2012).
Par le biais de notre recherche nous entendons appréhender le partenariat commune une forme organisationnelle hybride sous-tendue par un processus particulier de construction et de co-création où les activités de négociation sur les logiques d’action et les processus de légitimation des perspectives des acteurs occuperont toute notre attention.
Projet de recherche:
Nos objectifs de recherche se situent à deux niveaux :
1. Théorie des organisations
- Enrichir la réflexion sur l’hybridation organisationnelle
- Enrichir la réflexion sur la constitution du social / des organisations
2. Théorie de l’économie sociale
- Documenter des pratiques innovantes
- Comprendre la controverse sur les modèles (« Economie sociale » VS « Social Business »)
Situés dans une perspective communicationnelle, nous envisagerons ainsi le partenariat comme « un espace d’interaction langagière entre les acteurs, où se jouent en permanence les conditions du dialogue et de l’accord entre les protagoniste » (ERRECART, 2011, p.167).
La communication ne sera pas étudiée en tant qu’objet d’étude mais bien en tant que cadre de perception. Notre attention sera centrée sur le rôle instituant de la communication, entendue au sens de « performance de la culture » (WINKIN, 2001) et qui nous permettra d’appréhender le partenariat comme le résultat d’un processus de « coordination entre les perspectives » (CEFAÏ, 2015) sous-tendu par les discours de acteurs.
Notre recherche est menée dans « démarche compréhensive et langagière » (ERRECART, 2013, p.102) qui vise à éclairer les modalités de la construction du partenariat hybride envisagé « comme un organizing singulier » (ERRECART, 2013, p.102) institué dans et par la communication entre les acteurs. Dans notre approche communicationnelle, nous considérons le « dire » et le « faire » des acteurs comme constitutifs du partenariat (ERRECART, 2013). Le projet de recherche se positionne donc dans une compréhension processuelle de l’organisation où le partenariat est envisagé comme une forme d’« organisation-en-train-de-de-se-faire » (FAURE & ROBICHAUD, 2013) localisée dans la dynamique interactionnelle des acteurs.
Afin d'appréhender au mieux l'organisation partenariale nous inscrivons notre recherche dans une approche pragmatique:
- Sociologie des épreuves: BOLTANSKI, THEVENOT, NACHI;
- Théorie de l’Acteur: LATOUR, CALLON, AKRICH
- Théorie de la Communication Constitutives des Organisations: COOREN, ROBICHAUD, TAYLOR, LAMBOTTE
Intérêt d'une recherche en communication organisationnelle:
- La majorité des travaux sur l’économie sociale se réalise à travers le prisme des sciences économiques et de gestion (DEFOURNY, 2015 ; BECUWE & LEMAIRE, 2012);
- Malgré un intérêt scientifique croissant sur la question, les recherches portant sur la compréhension de la dynamique entrepreneuriale sont peu développées (KLOTZ & al., 2014) ;
- De plus, alors que de nombreuses recherches explorent la manière dont les organisations hybrides gèrent les logiques institutionnelles multiples, l’émergence de ces organisations hybrides est un sujet sous- exploré (LEE & BATTILANA, 2013 ; RASMUSSEN, 2001).
Approche et méthodologie:
Conformément à l’approche pragmatique, nous envisageons de collecter nos données à partir de l’étude ethnographique d’un projet d’accompagnement et de mise en place d’un partenariat. Conduite dans une perspective longitudinale, notre étude nous amènera à observer « au-dedans » les dynamiques interactionnelles des acteurs du projet.
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LASCO – Laboratoire d’analyse des systèmes de communication d’organisation. Christel CHRISTOPHE, Doctorante UCL, christel.christophe@uclouvain.bePromoteurs : Sandrine ROGINSKY et François LAMBOTTE
Inscription doctorat: juin 2016.
2. Social innovation and social entrepreneurship