Session : Cette proposition de communication s’inscrit dans le cadre de la session 8 du colloque « Social enterprises, sustainable transition and common goods ».
Etat de la recherche dans la littérature scientifique : En l’absence d’une définition précise suffisamment représentative de la pratique, l’énergie citoyenne est a priori un mouvement constitué d’initiatives citoyennes, dites bottom up, à gouvernance largement démocratique qui visent à produire de l’énergie renouvelable et indigène de façon décentralisée tout en questionnant le rôle de l’énergie et son usage au sein de nos sociétés (Bauwens, Gotchev, & Holstenkamp, 2016; LaRevueDurable, 2015; « REScoop.eu »; Seyfang, Park, & Smith, 2013) Parmi les nombreuses initiatives citoyennes que l’on recense en Europe et dans le monde (Kunze & Becker, 2014; Schreuer & Weismeier-Sammer, 2010), bon nombre sont des coopératives (Stokkink, Cadic, & Dubetz, 2013; Yildiz et al., 2015). A ce titre, de l’énergie citoyenne à l’ESS le pas est vite franchi, les coopératives ayant longtemps constitué l’un des noyaux durs des organisations de l’ESS au 20ème siècle. Or, en Suisse romande, ce lien est loin d’être assuré. D’une part, les coopératives ne sont pas d’office affiliées à l’ESS. D’autre part, il existe d’autres structures juridiques dans l’ESS qui mettent en œuvre des critères environnementaux performants mais qui ne se revendiquent pas du mouvement de l’énergie citoyenne (Swaton & Serlavos, 2015, à paraître ICSEM). Inversement, dans le domaine de l’énergie citoyenne en Suisse romande, on trouve des associations ou des initiatives communales, porteuses à différents degrés de certains critères sociaux, économiques et environnementaux associés à l’ESS, mais sans pour autant s’y identifier.
Argument : Pourtant, intuitivement, le lien entre énergie citoyenne et ESS semble évident. Il peut aussi s’interpréter théoriquement, notamment comme le fait que les mouvements écologiques et l’ESS partagent une interprétation similaire du rapport de l’homme à l’environnement (Swaton, 2015). Mais dans les pratiques, en Suisse romande notamment, qu’en est-il et quel recoupement peut-on effectuer ou pas entre acteurs de la transition énergétique et acteurs de l’ESS ?
Méthodologie : Notre hypothèse est qu’un recoupement existe même s’il n’est pas nécessairement explicite ou systématique. Pour tester cette hypothèse nous nous baserons sur une enquête encore en cours sur l'énergie citoyenne en Suisse romande dont nous tenterons d’extraire les principaux résultats en intégrant des caractéristiques de la définition romande de l’ESS dont les critères de gouvernance participative et de management social (APRES-GE, 2015). Nous utiliserons également les résultats d’une autre étude exploratoire (Swaton & Serlavos, 2015) relative à la prise en compte de l’environnement par les structures de l’ESS genevoises.
Conclusions et pistes de recherches théoriques complémentaires : En complément à notre questionnement inaugural, nous ferons le lien plus large à la gouvernance par les communs (Byrne, Martinez, & Ruggero, 2009; Dardot & Laval, 2015) et tenterons de mettre en évidence si et à quelle(s) condition(s) l’énergie citoyenne peut être considérée comme un commun et, à ce titre, se rapprocher aussi d’une gouvernance de type ESS.
Références :
Bauwens, T., Gotchev, B., & Holstenkamp, L. (2016). What drives the development of community energy in Europe? The case of wind power cooperatives. Energy Research & Social Science, 13, 136‑147.
Byrne, J., Martinez, C., & Ruggero, C. (2009). Relocating Energy in the Social Commons: Ideas for a Sustainable Energy Utility. Bulletin of Science, Technology & Society, 29(2), 81‑94.
Chambre de l’économie sociale et solidaire, APRES-GE. (2015). Panorama de l’économie sociale et solidaire genevoise - Etude statistique 2015. Consulté à l’adresse
Dardot, P., & Laval, C. (2015). Commun. La Découverte.
Kunze, C., & Becker, S. (2014). Energy democracy in Europe. A survey an outlook. Brussels: Rosa Luxemburg-Foundation.
LaRevueDurable. (2015). L’énergie citoyenne se cherche en Suisse romande pour accélérer la transition. Enquête sur les coopératives de production d’électricité, (54), 55‑70.
REScoop.eu. (s. d.). Consulté 3 janvier 2017, à l’adresse https://rescoop.eu/renewable-e...
Schreuer, A., & Weismeier-Sammer, D. (2010). Energy cooperatives and local ownership in the field of renewable energy technologies: A literature review (No. 2010/4). Research Institute for Co-operation and Co-operatives (RiCC).
Seyfang, G., Park, J. J., & Smith, A. (2013). A thousand flowers blooming? An examination of community energy in the UK. Energy Policy, 61, 977‑989.
Stokkink, D., Cadic, P., & Dubetz, E. (2013). Les coopératives d’énergie renouvelable: contexte européen et bonne pratique danoise. Revue Economique et Sociale, 71(4).
Swaton, S. (2015). Economie sociale et solidaire. In Dictionnaire de la pensée écologique. Paris: PUF.
Swaton, S., & Serlavos, M. (2015). Social and Solidarity Economy in Switzerland: an approach based on criteria (ICSEM Working Papers).
Yildiz, Ö., Rommel, J., Debor, S., Holstenkamp, L., Mey, F., Müller, J. R., … Rognli, J. (2015). Renewable energy cooperatives as gatekeepers or facilitators? Recent developments in Germany and a multidisciplinary research agenda. Energy Research & Social Science, 6, 59‑73.
8. Social enterprises, sustainable transition and common goods